Une vraie alternative à l’enfermement des enfants : la liberté

Les 9 et 10 février 2018, le Syndicat de la magistrature, membre d’AEDE, en collaboration avec le SNPES-PJJ/FSU, l’OIP et le SAF, organise un colloque sur le thème de la justice des mineurs. Intitulé « Une vraie alternative à l’enfermement des enfants : la liberté », il questionnera l’accroissement important de l’incarcération des mineur.e.s.

 

En effet, au 1er août 2017, le nombre record d’adolescent.e.s emprisonné.e.s était de 885 dont 647 dans le cadre de la détention provisoire. Si cela reste peu visible, dans une situation d’augmentation massive de l’emprisonnement et de surpopulation carcérale pour les majeur.e.s, il marque cependant une évolution historique et continue depuis le mois d’octobre 2016. Dans ce contexte, un certain nombre de quartiers pour mineur.e.s des maisons d’arrêt et établissements pénitentiaires pour mineur.e.s (EPM) sont par ailleurs saturés, de façon régulière, multipliant les atteintes aux droits et les discriminations.

 

Cette inflation réelle – même si relativement contenue – est amplifiée dès lors qu’on y adjoint, en parallèle, le nombre de placements en centres éducatifs fermés et l’augmentation des mesures de probation. La banalisation de l’enfermement depuis plusieurs années et l’annonce par la ministre de la Justice en octobre dernier de la création prochaine de vingt nouveaux centres éducatifs fermés pour compléter les cinquante-deux structures déjà en fonctionnement sont de nature à réactiver le débat sur les choix éducatifs et judiciaires d’une institution chargée de protéger l’enfance en danger. Plus largement, il s’agit de questionner l’accélération des politiques sécuritaires et les orientations générales à l’égard de la jeunesse la plus en difficulté.

 

Nous sommes loin de la primauté de l’éducatif et du caractère exceptionnel de l’enfermement affirmés par l’ordonnance du 2 février 1945 qui fonde la justice des enfants. Ce d’autant qu’au nombre de jeunes incarcéré.e.s dans les quartiers pour mineur.e.s et les établissements pénitenciaires pour mineur.e.s, il faut ajouter le chiffre « gris » des jeunes majeur.e.s incarcéré.e.s pour des faits commis alors qu’ils/elles étaient mineur.e.s. Dans un contexte où il est désormais admis que, pour tou.te.s, l’enfermement socialise dans un milieu criminogène, où la scolarisation, les soins, la vie familiale, la citoyenneté sont entravés et qu’il produit des effets contradictoires à ceux qu’il prétend obtenir, cette évolution de la justice des mineur.e.s ne doit cesser de nous interroger. C’est pour alimenter ce débat indispensable, sur son sens et ce qu’il produit, éducativement et judiciairement, que nous avons souhaité revenir sur les mécanismes à l’œuvre dans les lieux et situations d’enfermement, leurs effets spécifiques sur des adolescent.e.s et les implications sur le travail éducatif effectué avec ces jeunes.

 

La mise en perspective historique des modalités de prise en charge pénale des enfants, les constats des professionnel.le.s et différentes études sociologiques de terrain permettent de revenir sur l’articulation difficile – voire impossible – entre impératifs pénitentiaires et action éducative. Face à ce constat, comment expliquer encore le « succès » ou la banalisation de ces structures d’enfermement ? Historien.ne.s, juristes, sociologues, acteurs et actrices de terrain (magistrat.e.s, éducateurs et éducatrices, pédopsychiatre, avocate, ancienne détenue…) reviendront sur les évolutions législatives, les pratiques judiciaires et les réalités de terrain, les dynamiques sociales et institutionnelles à l’œuvre, permettant de nourrir le débat. A travers ce miroir tendu à l’institution judiciaire, nous tenterons d’ouvrir des perspectives susceptibles de répondre à l’enjeu d’éducation de la jeunesse et promouvoir des outils qui libèrent.

 

Le colloque est gratuit et est accessible sur simple inscription obligatoire à cette adresse :

colloquejusticedesenfants2018@gmail.com

Programme des débats téléchargeable ici.